Cette évocation du sacre d'un chevalier, tirée du livre "La Grande Promesse" de Germain Lary (édition MAME), peut
servir à la fois de thème de veillé et de thème de réflexion. Elle illustre sérieux
avec lequel on se le sérieux préparait, au XIIIème siècle, au métier des armes.
Elle permet aussi d'expliquer, par analogie, certains caractères du sacrement de Confirmation, ainsi décrit
par le pape Melchiade : " Au Baptême, dit-il, l'homme est enrôlé dans la milice ; et dans la Confirmation,
il est armé pour le combat. Sur les fonts du Baptême, le Saint Esprit accorde la plénitude de l'innocence ;
et dans la Confirmation il perfectionne pour conserver la Grâce. Dans le Baptême nous sommes régénérés
pour vivre ; après le Baptême, confirmés pour combattre. Dans l'un, nous sommes lavés; dans
l'autre nous sommes fortifiés. La régénération sauve par elle-même dans la paix ceux qui reçoivent
le Baptême, et la Confirmation donne des armes et prépare les combats. " (cité dans le catéchisme du
Concile de Trente)
Les invités à la Promesse de Renaud avaient gagné leurs chambres. Tout était depuis longtemps silencieux dans le grand château de Lens. Une seule pièce restait faiblement éclairée par la lueur vacillante d'une torche. C'était la chapelle.
Devant l'autel de Notre Dame Marie, à genoux, les bras croisés, un jeune homme priait, les yeux fixés sur le tabernacle, c'était Renaud. Renaud faisait sa Veillée d'Armes.
Eustache et Godefroi, au second rang, près de leurs parents, regardaient de tous leurs yeux la Messe solennelle qui se déroulait, les prêtres revêtus d'or, les enfants de choeur en robes écarlates, et les fumées des encensoirs qui montaient vers les vitraux enflammés. Au moment de la Communion, Renaud s'avança seul, dans son aube serrée par un ceinturon. Et le vieux chapelain s'approcha de lui, avec son ciboire d'or ; élevant devant tous la petite Hostie, il donna à Renaud agenouillé le Pain qui fait les Forts. Godefroi vit Renaud repasser tout près de lui, si grave et si beau ! Son coeur en était tout chaviré d'émotion et de respect. Renaud pria longtemps, et ne releva son front que sous la bénédiction du prêtre, qui marquait la fin de la Messe.
Le comte Eustache, alors, s'avança. Debout sur la première marche de l'autel, il se tourna vers Renaud. Pierre de Béthune, le parrain d'armes du futur chevalier, était auprès de lui. " Renaud de Lens, dit-il d'une voix forte, que demandes-tu? - La faveur d'être reçu membre de l'ordre de la Chevalerie. " Le comte se tourna vers Pierre de Béthune : " Croyez-vous qu'il en soit digne ? - Je le crois ! " répondit ce dernier. Alors, le comte, à Renaud : " Es-tu résolu à vivre selon les lois de la sainte Eglise, notre Mère ? - Je le suis. - Veux-tu garder en tout, et partout, l'honneur d'un preux chevalier ? - Je le veux. - Jures-tu d'observer toute ta vie les lois de la Chevalerie être juste et preux ; bon envers tous, surtout envers les faibles ; secourable aux veuves et aux orphelins ? - Je le jure. " En disant ces mots, Renaud tendait la main vers le grand Crucifix de l'autel. " Viens donc recevoir l'armure qui te rendra capable de lutter contre tes ennemis. " Des écuyers s'avancèrent, apportant au comte les différentes pièces d'une armure complète. Et le comte en revêait Renaud. " Voici les éperons avec lesquels tu presseras tes montures vers le bien à faire qui t'attend. " Voici ta cotte de mailles et ta cuirasse. Elles sont sans défauts. Va donc sans crainte contre tous ceux qui font le mal. " Reçois cette épée ; mais souviens-toi de ne la tirer que contre les ennemis du Seigneur Jésus. " Renaud était maintenant prêt à lutter, son armure neuve brillant au soleil. Le comte Eustache s'était levé : " Maintenant, tu vas montrer devant tous que tu es capable de subir un choc sans broncher, et qu'on peut avoir confiance dans ta force. "